Le sommeil représente plus d’un tiers de notre vie. Il est déterminant pour la croissance, la maturation cérébrale, le développement et la préservation de nos capacités cognitives. Il est essentiel pour l’ajustement de nombreuses sécrétions hormonales et pour le maintien de notre température interne. On sait aujourd’hui que la réduction du temps de sommeil ou l’altération de sa qualité favorisent probablement la prise de poids et l’obésité. Enfin, la mise au repos de notre système cardiovasculaire au cours du sommeil est primordial.[1] Le sommeil est, avec le stress, un prédicteur importants de la santé[2].
- Le sommeil, c’est quoi ?
- Lent, profond, paradoxal, les visages du sommeil sont multiples
- Le rythme de sommeil n’est jamais figé
- Impact de la réduction du temps de sommeil ou l’altération de sa qualité
- Avantages d’un bon sommeil
Le sommeil, c’est quoi ?[3]
Le sommeil correspond à une baisse de l’état de conscience qui sépare deux périodes d’éveil. Il est caractérisé par une perte de la vigilance, une diminution du tonus musculaire et une conservation partielle de la perception sensitive.
Lent, profond, paradoxal, les visages du sommeil sont multiples
Schématiquement, le sommeil correspond à une succession de 3 à 6 cycles successifs, de 60 à 120 minutes chacun. Un cycle est lui-même constitué d’une alternance de sommeil lent et de sommeil paradoxal, correspondant chacun à une activité cérébrale différente mise en évidence par électroencéphalographie (EEG) : sur le tracé, les ondes électriques qui parcourent le cerveau et qui témoignent de l’activité neuronale ont un aspect différent selon la phase de sommeil. Lors de la phase d’éveil, par exemple, elles sont courtes et fréquentes.
- Le sommeil lent porte ce nom car il est caractérisé par des ondes lentes. Il comporte lui-même plusieurs stades : après une phase de transition (N1) de quelques minutes, séparant la veille et le sommeil, la phase de sommeil léger (N2) s’installe. Elle est suivie par une phase de sommeil progressivement plus profond (N3) qui dure plusieurs dizaines de minutes. Pendant cette période, l’EEG montre la présence d’ondes de grande amplitude et de faible fréquence. L’imagerie fonctionnelle montre une consommation en oxygène réduite et donc un métabolisme cérébral ralenti. Le tonus musculaire est lui-aussi diminué, mais encore partiellement présent, pouvant expliquer les épisodes de somnambulisme (voir plus loin).
- Le sommeil paradoxal correspond à une période durant laquelle l’activité cérébrale est proche de celle de la phase d’éveil. Il est aussi appelé période REM (Rapid Eye Movement), en raison de fréquents mouvements oculaires rapides (sous les paupières fermées). A l’inverse, le tonus musculaire est totalement aboli durant cette phase, en dehors de quelques mouvements des extrémités. Parallèlement, la pression artérielle et le rythme respiratoire connaissent de fréquentes fluctuations. Le sommeil paradoxal est en outre propice aux rêves : il regroupe les rêves les plus intenses et ceux dont on peut garder le souvenir une fois éveillé. Des rêves peuvent aussi survenir au cours du sommeil lent léger, mais ils sont moins intenses et correspondent moins à une représentation onirique de réalisations ou d’actions qu’à des idées abstraites.

Le rythme de sommeil n’est jamais figé
Le rythme de sommeil varie en premier lieu au cours d’une même nuit : schématiquement, les premiers cycles sont essentiellement constitués de sommeil lent profond, tandis que la fin de nuit fait la part belle au sommeil paradoxal. Et si la nuit précédente a été mauvaise, le sommeil lent sera d’autant plus profond la nuit suivante.
Le sommeil varie également au cours de la vie : le sommeil lent est plus profond durant la croissance, jusque vers l’âge de 20 ans environ. A mesure que l’on vieillit, celui-ci devient minoritaire et laisse la place à un sommeil lent, plus léger, expliquant l’augmentation des troubles du sommeil avec l’avancée en âge. Parallèlement, le sommeil paradoxal est plus long dans les premières années de vie. Sa durée se réduit à l’âge adulte.
Enfin, la quantité nécessaire et la qualité de sommeil varient grandement d’une personne à l’autre. L’environnement, l’hygiène et le rythme de vie jouent un rôle sur la capacité à dormir et bien récupérer lors d’une nuit de sommeil. La génétique aiderait quant à elle à différencier les lève-tôt des couche-tard, ou les gros des petits dormeurs. Les petits dormeurs présenteraient notamment des phases de sommeil léger très courtes. Mais quelle que soit la durée de sommeil nécessaire à chacun, celle du sommeil profond serait relativement constante, tandis que les durées de sommeil léger et de sommeil paradoxal varieraient.
Impact de la réduction du temps de sommeil ou l’altération de sa qualité[4]
- Risque accru de maladies chroniques, notamment cancers, diabète et maladies cardiovasculaires. Moins de 6 heures de sommeil augmentent de 28% le diabète de type 2. Moins de 5 heures de sommeil par nuit augmentent de 48 % le risque d’infarctus, et de 15 % celui de subir un AVC.[5]
- 2,5 fois plus d’accidents de la route. Tel est le risque encouru par les insomniaques. Et il est 6 à 7 fois plus grand pour les individus qui souffrent d’apnées du sommeil.[6]
- Favorise la prise de poids et l’obésité.
- Augmente les troubles de l’humeur tels que dépression et anxiété.
- Impact sur la performance au travail et la sécurité.
Avantages d’un bon sommeil[7]
- Déterminant pour la croissance, la maturation cérébrale, le développement et la préservation de nos capacités intellectuelles. Essentiel pour l’ajustement de nombreuses sécrétions hormonales et pour le maintien de notre température interne.
- Amélioration de la santé mentale et meilleure performance intellectuelle : concentration, la créativité, la mémoire et la prise de décision.
- Renforcement du système immunitaire, réduisant ainsi le risque de maladies infectieuses.
- Contrôle du poids : car régule les hormones liées à l’appétit.
- Santé cardiovasculaire : risque réduit d’accidents vasculaires cérébraux et de crises cardiaques.
- Réduction du stress et améliore la capacité à faire face aux situations stressantes.
- Amélioration de la qualité de vie.
Passons à la pratique
[1] Sommeil, un carnet pour mieux comprendre, santé.gouv.fr, URL: https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/Sommeil_un_carnet_pour_mieux_comprendre.pdf
[2] Le stress et le sommeil restent des prédicteurs importants de la santé après avoir contrôlé les effets négatifs, 2019, URL: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30289608/
[3] Sommeil, Faire la lumière sur notre activité nocturne, INSERM, 2017, URL: https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/
[4] Idem 3
[5] Geo, Le sommeil des Français en 12 chiffres clés, 2018, URL: https://www.geo.fr/voyage/le-sommeil-des-francais-en-12-chiffres-cles-186164
[6] Idem 5
[7] Idem 3